BALADES EN PAYS CEVENOL

2008 mai

Cette semaine nous quittons la Provence pour Les Cévennes avec entre autres objectifs, l'ascension des "4000 marches" qui nous conduira au sommet du Mont Aigoual. Le programme des 3 jours est dense, aussi bien pour les marcheurs confirmés que pour les conjoints ou les marcheurs plus modestes.

Roland a organisé un séjour digne des agences de voyages les plus renommées avec distribution d'itinéraires, de plans, de documents touristiques et culturels.

Lundi, 10 h 30, les 31 participants sont exacts au rendez-vous de PONT D'HERAULT (GARD).

Aujourd'hui, Roland a ses 2 casquettes : animateur sportif et guide culturel de ce département qu'il connait bien.

Direction SAINT-ANDRE DE MAJENCOULES On se gare dans la cour ombragée du château; le ciel est bleu, la chaleur lourde, orageuse. On traverse ce charmant village endormi, on passe devant une ancienne magnanerie - on y élevait des "vers à soie" comme dans beaucoup de villages des Cévennes avant l'invention des fibres artificielles - puis on longe des champs en restanques où la terre bien travaillée attend la plantation des oignons doux, spécialité de la région.

Le sentier des ROUQUIS démarre par une pente raide à hautes marches de granit. C'est le royaume des fougères que les bergers utilisaient comme litière pour les moutons.

Il fait de plus en plus chaud, pourtant les coffres des voitures sont remplis de polaires et d'anoraks! On ricane, on se moque... Le pique-nique apporte un moment de répit et l'apéro un peu de fraîcheur. On est bien dans l'herbe, à l'ombre des châtaigniers et certains ont pris la pole position ....pour une sieste ou un moment de rêverie!

Un coup de tonnerre nous ramène à la réalité! le ciel s'est obscurci du côté de l'Aigoual : il serait prudent de continuer notre rando.

Nous rejoignons une grande draille de transhumance au hameau de la Rouvièrette et continuons à monter jusqu'au col (590m).



2 : Rafraîchissement à l'abreuvoir

L'orage approche, les tonnerres se succèdent, la chaleur est intense et finalement les quelques gouttes de pluie sont les bienvenues.
Nous abordons prudemment la descente entre les grands blocs de granit moussus toujours sous le couvert des châtaigniers.

Une lumière douce traverse les jeunes feuilles et éclaire le sous-bois. Cette petite rando (7 km) vraiment très agréable est une bonne mise en jambes pour demain.

Notre hôtel est à VALLERAUGUES au confluent de l' Hérault et du Clarou. C'est un ancien relais à diligences, confortable et rénové avec goût.


 

Le bourg est le point de départ ou de halte de nombreuses randonnées ( le départ de la nôtre - 7 km, 1200 m de dénivelé - est assez impressionnant). Comme beaucoup de villages du Gard, l'Eglise catholique et le Temple Réformé se cotoient. Daniel en profite pour nous rappeler les Dragonnades, ces épisodes sanglants et peu glorieux de notre histoire de France, après la révocation de l'Edit de Nantes par Louis XIV (1685 ).

L'agneau des Cévennes et la confiture de châtaignes sont au menu du soir excellent. Il faut nous coucher de bonne heure si on veut être en forme demain...bien que la météo ne soit pas très optimiste.

Mardi matin, les insomniaques et les premiers levés ont compris: il a plu toute la nuit, il pleut encore à 7 h et un brouillard épais recouvre la montagne. Les autres espèrent encore un peu! mais au petit déjeuner, Roland annule sagement la rando des "4000 marches".

D'après la station météo du MONT AIGOUAL ( la bien placée!) le ciel reste menaçant et le brouillard ne se dissipera qu'en fin d'après-midi. Quelques petits grognements de déception mais davantage de "ouf" de soulagement parcourent l'assemblée, d'autant que Roland ne manque pas de ressources!!!
 

On se regroupe dans les voitures et on monte dans le brouillard jusqu'au COL de LA SEREYREDE où la Maison Forestière nous accueille avec un film sur le Parc National des Cévennes, une exposition sur les orchidées et une autre sur la vie pastorale.

Les orchidées que nous avons vues;

A 11 heures, le brouillard est toujours aussi dense et les anoraks sont bien utiles. On n'ironise plus!! Nous redescendons par l'Espérou jusqu'à l'abîme de BRAMABIAU.
Nous passons sur le pont du BONHEUR et c'est justement ce petit Bonheur assez anodin qui a creusé au fil des millénaires cette grotte immense.

 

Nous y accédons par un chemin (1 km ) qui descend dans une forêt de hêtres magnifiques.
 

L'entrée est une brèche de 70 m de haut: L'eau en sort avec beaucoup de force - et encore nous ne sommes pas en période de crue - à grand fracas. Le murmure du petit Bonheur s'est transformé en BRAMABIAU ( littéralement le cri du boeuf en occitan) en un beuglement assourdissant, par son passage souterrain.
C'est E.A. MARTEL (celui des Gorges du Verdon) qui le premier, en 1888, éclairé seulement par des bougies, a remonté le cours de la rivière et exploré ce véritable canyon souterrain. Pour ma part, je n'ai pas compris toutes les explications géologiques mais ce qui m'a le plus impressionnée, c'est de voir le dessous de l'ancien lit de la rivière avec les blocs charriés agglomérés par le sable et les cailloux.
Un site web explique de façon scientifique ce "caprice de la nature".
http://abime-de-bramabiau.com

Comme souvent, un site aussi grandiose, mystérieux, un peu effrayant a donné naisssance à de nombreux contes et légendes.

Nous sommes à l'abri pour le pique-nique dans la salle hors sac mise à notre disposition à BRAMABIAU. L'après-midi, le brouillard a complètement disparu dans la vallée, nous pouvons monter au MONT AIGOUAL ... en voiture! A 1567 mètres, la température est de 6° et un petit vent commence à chasser les nuages. A l'observatoire météo, le dernier poste de montagne habité, un jeune météorologue nous explique avec enthousiasme son métier et sa vie dans ce lieu de climat extrême. Pour les passionnés, les questions sont nombreuses sur l'observation, la prévision, la climatologie. D'autres sont intéressés par les expos photos : l'Aigoual au fil des saisons, les différents nuages, les ciels d'orages et le musée où sont exposés les appareils de mesures du XIX° siècle.

http://aigoual.asso.fr.

Quand nous sortons, la beauté du paysage enfin dégagé et ... le vent nous coupent le souffle. Même bien emmitouflés, nous ne nous attardons pas à la table d'orientation.

A l'hôtel, une surprise nous attend : Roger offre le champagne pour son anniversaire. Le repas qui suit est particulièrement joyeux et bruyant. On n'est pas fatigués par notre rando!!!

Le soleil éclatant du mercredi nous laisse un petit pincement au coeur. Pas de chance... Les 4000 marches seront pour une autre fois.

La ville de GANGES semble ne s'être jamais remise de son passé de siège des "soyeux". Les "traverses" ( passages couverts pour le transport de la soie comme les traboules de Lyon ) bien que réhabilitées, offrent peu d'intérêt.
Nous filons à SUMENE . Le village médiéval, au bord du Rieutord, est beaucoup plus pittoresque.

Roland a trouvé un coin superbe pour notre dernière demi-journée. Nous montons dans la Montagne de Fage, fleurie d'asphodèles, jusqu'au hameau de Cézas que nous dépassons.
Un petit km à pied et M.Bonifay nous accueille au Prieuré de Saint-Martin de Cézas.
C'est le président d'une association de bénévoles qui restaurent et animent cet ensemble de bâtiments chargés d'une histoire complexe. http://asphodele.org.

M. Bonifay a des talents de conteur : dans l'église romane, dans les caves, devant le four à pain ou l'immense citerne, il mêle de façon plaisante, légendes et faits avérés et nous l'écoutons avec grand plaisir.


Dernier pique-nique dans les jardins du presbytère, avec les charcuteries et les fromages de chèvre de la région et l'on quitte ces Cévennes rafraîchissantes, sauvages, quelquefois austères... Mais nous reviendrons, un challenge nous y attend.
Roland dormira sûrement mieux ce soir...Sa préparation minutieuse du séjour, son attention de tous les instants ont assuré la réussite de cette escapade malgré les aléas de la météo. Nous l'en remercions sincèrement.

Les photos sont essentiellement celles de Marie-Hélène, mais aussi de Béatrice, Lucien, Maryse et moi-même.

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